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Ré-Union

Dans les yeux noirs d’Anne-Aude

se reflétait le squelette étriqué de l’Aulne

sous la froide morsure de l’hiver,

elle tremblait dans cette cours de ferme

Yeux fermés, s’inscrivait sur l’écran

un ciel turquoise couvrant les pentes vertes d’une montagne

ronflant sourdement : la Fournaise

attaché à ses pieds les froids et lourds sabots

foulaient la terre de la Creuse.

Par ce noir matin de novembre,

le temps ce serait-il mis à errer ?

Les images se fracassaient maintenant

sur ses paupières closes.

Elle avait cinq ans,

sous les éructations des pitons orangés,

sa mère, sa sœur et elle avaient dévalé les mornes

Saint Denis les avait avalées puis recrachées

Un grand navire à quai, une traversée.

Pour toujours, l’infini tremblement de son corps

en deuil de lui-même et de son passé.

Une voix retentissait loin, loin,
  • Alors  ce petit bois ? Dans la cheminée le feu meurt.
Deux larmes roulèrent sur les joues glacées d’Anne Aude.

Myrtô RILOS

Extrait de Ballade Guyanaise

Vérone Editions 2019

Un commentaire

  • Myrto RIBAL

    Rheba Hamai, C’est avec plaisir que j’ai moi même découvert cette tranche d’histoire et j’ai voulu la valoriser en la présentant et en espérant qu’elle susciterait chez les lecteurs l’envie d’effectuer comme moi des recherches sur l’exil des ressortissants d’Outre Mer.
    Je vous invite à parcourir les pages du livre « Ballade Guyanaise » Vérone edition 2019 de Myrto RIBAL RILOS pour d’autres aventures.
    MR